dimanche 29 novembre 2009

La fessée d'Alix

lien vers l'édito de ELLE : http://www.elle.fr/elle/Societe/Edito/Claque-de-fin/%28gid%29/1082119

Je lis rarement les éditos de ELLE. Bizarrement, en ouvrant le numéro de cette semaine, je me mets à le parcourir. Le contenu n'a rien de transcendant, un article léger sur la fessée. Mais à la fin de l'édito, se pose à moi une question assez édifiante : est-ce par un fait exprès que les deux protagonistes de l'article ; Mme de L'Ain et son mari, aient tous les deux choisi deux personnalités emblématiques noires pour donner cette dernière fessée ?
Parmi tous les hommes connus (politiques, artistes, footballeurs) seul un noir aurait mérité d'être fessé ? Bon, on entre dans le jeu, à priori c'est dans l'air du temps de taper sur Thierry Henry. Chacun doit y aller de son bon mot là dessus. Alors finalement, elle choisit qui ? Pas M. Berger, peut-être trop polémique. Les tendances sexuelles et l'âge du monsieur le protègent ? Elle l'abandonne donc au profit du jeune footballeur "au postérieur déjà multi-célébré". Là, on est en plein dans le cliché du "noir au beau fessier".

Bon, passons cela peut encore passer pour de l'humour. Mais quelques lignes plus bas un nouveau personnage apparaît, Mr de l'Ain, et qui choisit-il pour sa dernière fessée ? Rama Yade. L'article se serait arrêté à Thierry Henry, je n'aurais sans doute pas tiquée. Mais là, dans un journal créé par une femme, un journal à priori un "peu" féministe. Un homme choisit de fesser une femme et noire qui plus est. Que se rappelle t-il d'elle ? A priori pas son intelligence, pas non plus le fait qu'elle fasse partie des personnalités préférées des français, qu'elle soit ministre. Non, il se rappelle juste qu'elle a une croupe qui incite à la fessée.

Tout récemment Claude Levi Strauss, le père du structuralisme est mort. Il avait mis en évidence que dans une langue le plus important c'est la relation entre les mots, plus que les mots eux-mêmes. Si nous appliquons cette grille de lecture à cet édito, il en ressort une relation entre les noirs et la fessée. Ce qui me choque, c'est la répétition ; le choix d’un homme et d’une femme de couleur pour cette dernière fessée. Mais à priori, personne n'a trouvé cela déplacé puisque l'édito est paru.
Moi cela me pose de multiples questions. Ce choix de deux noirs était-il conscient ? Dans un cas comme dans l'autre c'est terrifiant. Premier cas, il est conscient. Ce qui suppose, ce n'est pas grave de fesser des noirs personne ne va s'en offusquer, mais évitons de toucher à tout ce qui pourrait poser polémique ; homosexuel, seniors ou autres. Deuxième cas, c'est inconscient et là c'est affolant. Cela veut dire que dans l'inconscient de ces intellectuels français, même si un noir est brillant, travailleur, qu'il est ministre ou ancien champion du monde au final tout ce qu'on rappellera de lui c'est sa croupe rebondie.

Visiblement, aucun membre de la rédaction de ce magazine n'a eu à quelques moments que ce soit conscience de ce que cet édito a de choquant. Je me pose donc la question de savoir si tous les "intellectuels" de ce magazine partagent cette vision ? J’en arrive à cette conclusion, est-ce que je ne me trompe pas en étant abonnée à un journal qui méprise aussi ouvertement ce qui fait ma personnalité pour ne retenir de moi qu'un cliché ?